Des services différenciés et intégrés
Une vision : l’Unité Psychiatrique Intégrée
L’organisation dans laquelle l’initiative de Revers asbl s’est projetée a pris la forme de trois sous-ensembles : des Services de santé mentale, des Dispositifs spécifiques et un Service hospitalier d’urgence. L’ensemble forme une Unité Psychiatrique Intégrée.
Des services de santé mentale
Le Service de santé mentale assure la base de l’aide et des soins. Son action se développe dans le tissu social au sein duquel émergent les problèmes : déplacement au domicile, vers les services d’urgence, les maisons d’accueil, les lieux de travail, les écoles… La présence active et la mobilité des intervenants des Services de santé mentale vers les personnes et les institutions permettent d’enrichir la qualité des liens et d’améliorer l’accessibilité.
Pour permettre cette proximité, les Services de santé mentale opèrent sur un territoire restreint de l’ordre de 50 000 habitants. Il s’agit d’une dimension avec des distances abordables en milieu urbain, peut-être trop grande en milieu rural.
Les Services de santé mentale assurent la continuité thérapeutique autant de temps que nécessaire au domicile, sur les lieux de vie, avec les dispositifs d’insertion, les institutions sociosanitaires ou dans les institutions pénales. Les liens avec la même équipe sont préservés au cours de l’histoire de l’usager.
La crise a souvent un rôle central qui peut être mis à profit pour permettre des changements dans la situation des usagers. Les Services de santé mentale doivent pouvoir répondre aux détresses dans un délai en rapport à l’urgence de la situation (éviter les listes d’attentes, les filtres bureaucratiques, …) et avoir la capacité de mettre en place un suivi intensif.
L’accueil et l’hospitalité sont des éléments majeurs des Services de santé mentale. Un accueil accessible aisément, sans rendez-vous, est un outil indispensable. Il permet d’établir des contacts informels (versus entretiens programmés). Il permet de remplir une fonction d’hospitalité dans les moments difficiles.
Cette hospitalité devrait pouvoir s’exercer 24h/24h, y compris en proposant un hébergement transitoire. Les Services de santé mentale doivent disposer de quelques lits de crise. Cette option permettrait à l’usager et son entourage de rester en contact avec la même équipe de soins même dans les situations de crise les plus difficiles.
Le suivi, avec ses fluctuations et ses crises, devrait mettre l’usager en contact avec un éventail diversifié d’options d’aides et de soins. Le Service de santé mentale facilite la réalisation des choix, du parcours, des concertations avec les institutions et les entourages. Il soutient le devenir du projet singulier de l’usager dans son milieu de vie. Le suivi par un Service de Santé Mentale revêt toujours un caractère global. Cette globalité peut inclure des dimensions sanitaires, sociales, thérapeutiques, économiques, éducatives, culturelles…
Des dispositifs spécifiques
Les Dispositifs spécifiques viennent compléter les propositions de base. Ces Dispositifs spécifiques permettent d’aborder un aspect plus particulier de l’existence des usagers. Ce sont des dispositifs d’insertion sociale, de réhabilitation psychosociale, de formation par le travail, des ateliers qui permettent une dynamique collective à partir de la culture, du sport, de l’expression; des formules d’habitats communautaire; des groupes de défense des droits des usagers; etc.
Un service hospitalier d’urgence
Le Service hospitalier d’urgence est plutôt un service résiduel. Les usagers utilisent, dans la grande majorité des cas, le Service de santé mentale proche de chez eux. Celui-ci peut aussi traiter la crise et l’urgence. Ainsi que précisé plus haut, il dispose même de quelques lits qui permettent un suivi intensif 24h/24h.
Les Services de santé mentale, les Dispositifs spécifiques et le Service hospitalier d’urgence forment un ensemble appelé Unité Psychiatrique Intégrée. Celle-ci est censée former un agencement de services cohérent et consistant par rapport aux besoins de la population. L’intégration des services dans un ensemble doit permettre à l’usager d’être confronté à un éventail de propositions d’aides et de soins qui répondent à ses demandes et ses besoins. Dans une Unité Psychiatrique Intégrée, la qualité thérapeutique dépend de l’ensemble et de la diversité des actes produits par les services intégrés.
Un projet d’Unité Psychiatrique Intégrée
Le projet de Revers asbl s’est appuyé sur le schéma de l’Unité Psychiatrique Intégrée pour guider l’émergence de ses institutions. L’expérience liégeoise ne donne qu’une idée partielle d’une Unité Psychiatrique Intégrée qui fonctionnerait à plein régime si des moyens suffisants étaient déployés vers ce genre d’organisation des soins de santé mentale. L’expérience telle qu’elle existe permet néanmoins de se donner une idée bien réelle sur l’intérêt d’une telle proposition.
Le Siajef déploie son action sur quelques quartiers de la ville de Liège. La dimension de son territoire de référence a varié au cours de son histoire de 17 000 à 35 000 habitants. Il est aujourd’hui de l’ordre de 35 000 habitants. Le Siajef parvient à assumer les missions générales dévolues à un Service de santé mentale de l’Unité Psychiatrique Intégrée, y compris le suivi des personnes en situation d’urgence et de crise en s’appuyant sur une équipe de 22,5 équivalents temps plein. Il ne dispose pas de service 24 h / 24 h. Le service d’urgence médicopsychosociale du Centre Hospitalier Régional voisin pallie cette absence en travaillant en étroite collaboration avec le Siajef.
Deux dispositifs spécifiques déploient leurs actions sur le territoire de la ville de Liège (200 000 habitants). Revers organise son action autour d’une démarche socioculturelle tandis qu’Article 23 se positionne comme dispositif local d’insertion par le travail.
Les urgences médicopsychosociales du Centre Hospitalier Régional de la Citadelle, bien qu’elles ne soient pas un projet initié par Revers asbl, viennent s’intégrer dans ce schéma pour occuper la place du Service d’urgence hospitalier.